11 janvier 2010
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Cet article est composé
Une formidable usine
- d'un texte de Stéphane LAUZANNE, rédacteur en chef du Matin, publié dans la brochure intitulée "Le Matin, son organisation, sa puissance, son action" (vers 1925-1930) ---> première partie du texte de Stéphane LAUZANNE
- de photos provenant des archives de l'auteur de ce blog. --> Un album présente cette collection de photos
Une formidable usine
Mais, si Le Matin d'aujourd'hui a tenu les promesses du Matin de 1884, quel changement dans son apparence physique ! Le petit journal de quatre pages, à cinq colonnes par page, est devenu un grand journal à six et huit pages, avec sept colonnes par page. Il est émaillé de simili-gravures qui reproduisent avec la fidélité de la photographie les traits des personnalités du jour et les scènes de la rue ou du monde. Il est imprimé selon les derniers procédés de la technique et de la science modernes. Il sort à grands flots, cinq fois par jour et par nuit, d'une usine qui possède le plus énorme et le plus merveilleux outillage qu'ait produit la civilisation actuelle. Et cette usine a pris des proportions géantes. Elle est presque devenue une cité ouvrière ou une ville industrielle. Elle emploie des engins formidables, elle occupe un personnel innombrable, elle manie des millions, elle nécessite une dépense inouïe d'énergie, de calcul, d'audace, de réflexion...
Une des rotatives américaines du Matin production : 100.000 exemplaires par heure | ![]() |
Voulez-vous quelques chiffres ? La superficie des immeubles que Le Matin occupe en plein centre de Paris est de 3.908 mètres carrés. Rien que la galerie géante où roulent les énormes rotatives — ces rotatives qui produisent chacune 96.000 exemplaires à l'heure coupés, plies, collés et comptés — mesure 65 mètres de long. Et rien que le poids des clichés confectionnés chaque jour pour garnir ces machines est d'environ 18.000 kilos. Au point de vue industriel et commercial, Le Matin transforme et expédie tous les jours près de 40 tonnes de marchandises qui sont divisées, tant à Paris qu'en province et à l'étranger, entre les mains de plus de 20.000 dépositaires. Le nombre de personnes — rédacteurs, employés, ouvriers — qu'il occupe atteint un millier. Le mouvement de caisse que nécessite un pareil travail est de plus de 100 millions de francs par an; pour son papier seulement Le Matin dépense plus de 90.000 francs par jour.
![]() | La centrale électrique du Matin |
Mais les chiffres, quelle que soit la grandeur astronomique à laquelle ils atteignent, n'ont de valeur que par rapport aux idées qu'ils représentent. L'idée qui a gouverné Le Matin — depuis 1895, date à laquelle M. Maurice Bunau-Varilla, qui y avait de considérables intérêts, en conçut la réorganisation et surtout depuis 1903, date à laquelle il en devint le propriétaire exclusif — a été de mettre la force du journal au service de la nation. Si de 1895 à 1914, on relie les unes aux autres toutes les manifestations, toutes les campagnes, toutes les interventions du Matin, on voit qu'elles aboutissent toutes à donner à la France conscience de son génie ou de ses ressources afin qu'au jour du danger elle puisse faire face à son destin. Ayant pendant trente ans été sans reproche, il fallait aussi qu'elle fût sans peur. Ce fut le travail auquel, tous les jours, sous l'impulsion de M. Maurice Bunau-Varilla, s'adonna Le Matin.
Stéphane LAUZANNE
à suivre ...
une salle de linotypes | ![]() La Linotype est une machine d’imprimerie qui utilise un clavier alphanumérique à 90 caractères permettant de composer une ligne de texte complète en un seul bloc de plomb, d’où l’étymologie en anglo-américain : « line o' type ». Cette combinaison de machine à écrire et de micro-fonderie, imaginée aux États-Unis en 1885, permettait une composition accélérée et plus régulière des blocs d’imprimerie qu’avec la typographie traditionnelle, consistant à insérer un à un des caractères mobiles dans une galée. (Wikipédia) |