10 janvier 2010
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Dans une brochure illustrée de 28 pages, le rédacteur en chef du Matin, Stéphane LAUZANNE (photo dans la page), fait le panégyrique du journal. Plaidoyer "pro domo", son texte doit être pris avec quelques réserves.
La couverture de la brochure, d'un rouge flamboyant, ce rouge dont Maurice BUNAU-VARILLA avait fait peindre la façade des immeubles du journal, pour épater le tout-Paris, est en elle-même tout un symbole !

Un grand journal français "Le Matin"
Son organisation - Sa puissance - Son action
à suivre...
La couverture de la brochure, d'un rouge flamboyant, ce rouge dont Maurice BUNAU-VARILLA avait fait peindre la façade des immeubles du journal, pour épater le tout-Paris, est en elle-même tout un symbole !

Un grand journal français "Le Matin"
Son organisation - Sa puissance - Son action
Le mardi 26 février 1884 paraissait à Paris un nouveau journal, qui portait en manchette ce titre bref et sonore: Le Matin, et ce sous-titre : Derniers télégrammes de la nuit. Titre et sous-titre étaient encadrés par des poteaux sur lesquels venaient se poser des fils télégraphiques.
Dans la première colonne s'étalait un original appel au lecteur:
Le Matin, disait cet appel, ne devant ressembler à aucun journal, son programme ne ressemblera à aucun autre programme.
« Le Matin sera un journal singulier; un journal qui n'aura pas d'opinion politique; un journal qui ne sera injéodé à aucune banque et qui ne Vendra son patronage à aucune ajjaire; un journal qui ne dépendra d'aucune coterie littéraire; un journal qui n'appartiendra à aucune école artistique; un journal d'informations télégraphiques universelles et vraies. »
Comme le nouveau journal, s'il n'avait de politique, entendait parler de politique à ses lecteurs, il avait fait choix de quatre écrivains qui appartenaient aux quatre opinions les plus diamétralement opposées et il annonçait que, chaque semaine, il publierait quatre articles politiques dus à la plume de ces quatre écrivains : M. J. Cornély exposerait librement les doctrines monarchistes; M. Paul de Cassagnac, les doctrines plébiscitaires; M. Emmanuel Arène, la doctrine opportuniste et M. Jules Vallès, la doctrine des revendications sociales, l'épithète socialiste n'existant pas alors.
Par contre, Le Matin déclarait qu'il ne publierait pas de jeuilleton. « C'est là, disait-il, un mode de journalisme qui ne saurait trouver place dans un journal débordant d'informations et de nouvelles. » Et, de fait, dès son premier numéro, Le Matin débordait de nouvelles. Détail curieux: celles de ces nouvelles, qui lui étaient parvenues en « Dernière Heure », étaient insérées à sa troisième page. C'était la première fois, dans la presse française, qu'on faisait figurer les nouvelles de « Dernière Heure » en troisième page. Quel est le journal qui ne le fait pas aujourd'hui ? En tout cas. Le Matin donnait des dépêches de Londres sur une explosion qui avait à demi-détruit la gare de Victoria; de Berlin sur un rapprochement de l'Allemagne avec la Russie; du Havre sur l'arrivée de la reine de Tahiti en France. Et, promenant son regard jusque dans la littérature, il annonçait que M. Alphonse Daudet préparait un nouveau roman, « Les Ruptures », dont il n'avait d'ailleurs pas encore trouvé le dénouement. Enfin, il donnait déjà un tableau complet du marché des changes et les lecteurs pouvaient y constater que le chèque sur Londres, la veille, avait valu 25 francs 26 centimes.
Il y a toujours quelque chose d'un peu émouvant, à quarante ans de distance, à relire un numéro de journal : c'est une image du passé qu'on tient dans ses doigts. Mais, quand ce numéro est un premier numéro, l'émotion redouble. Qu'est devenu le nouveau-né ? A-t-il tenu les engagements qu'il avait formulés sur les fonts baptismaux ? A-t-il, à travers les remous de la vie, suivi la ligne de conduite qu'il s'était tracée ?
Les faits, pour Le Matin, répondent mieux que tous les discours. Il continue aujourd'hui encore à n'être inféodé à aucune chapelle politique, à aucune banque, à aucune coterie littéraire, à aucune école artistique. Il a mis toute sa force à devenir le premier journal d'informations de France. Et il a mis toute sa fierté à rester un journal probe et indépendant. Sur un point seulement, il a contrevenu à l'engagement pris le 26 février 1884: il donne des feuilletons (il en a donné à un certain moment jusqu'à trois par jour) et même des contes, dénommés « les Contes des Mille et un Matins ». C'est que le feuilleton est de l'aventure, le conte est de la vie: et un journal français ne peut pas passer à côté de l'aventure et de la vie. Nulle lectrice, en tout cas, ne se plaindra que Le Matin ait manqué à sa parole...
Dans la première colonne s'étalait un original appel au lecteur:
Le Matin, disait cet appel, ne devant ressembler à aucun journal, son programme ne ressemblera à aucun autre programme.
« Le Matin sera un journal singulier; un journal qui n'aura pas d'opinion politique; un journal qui ne sera injéodé à aucune banque et qui ne Vendra son patronage à aucune ajjaire; un journal qui ne dépendra d'aucune coterie littéraire; un journal qui n'appartiendra à aucune école artistique; un journal d'informations télégraphiques universelles et vraies. »
Comme le nouveau journal, s'il n'avait de politique, entendait parler de politique à ses lecteurs, il avait fait choix de quatre écrivains qui appartenaient aux quatre opinions les plus diamétralement opposées et il annonçait que, chaque semaine, il publierait quatre articles politiques dus à la plume de ces quatre écrivains : M. J. Cornély exposerait librement les doctrines monarchistes; M. Paul de Cassagnac, les doctrines plébiscitaires; M. Emmanuel Arène, la doctrine opportuniste et M. Jules Vallès, la doctrine des revendications sociales, l'épithète socialiste n'existant pas alors.

Il y a toujours quelque chose d'un peu émouvant, à quarante ans de distance, à relire un numéro de journal : c'est une image du passé qu'on tient dans ses doigts. Mais, quand ce numéro est un premier numéro, l'émotion redouble. Qu'est devenu le nouveau-né ? A-t-il tenu les engagements qu'il avait formulés sur les fonts baptismaux ? A-t-il, à travers les remous de la vie, suivi la ligne de conduite qu'il s'était tracée ?
Les faits, pour Le Matin, répondent mieux que tous les discours. Il continue aujourd'hui encore à n'être inféodé à aucune chapelle politique, à aucune banque, à aucune coterie littéraire, à aucune école artistique. Il a mis toute sa force à devenir le premier journal d'informations de France. Et il a mis toute sa fierté à rester un journal probe et indépendant. Sur un point seulement, il a contrevenu à l'engagement pris le 26 février 1884: il donne des feuilletons (il en a donné à un certain moment jusqu'à trois par jour) et même des contes, dénommés « les Contes des Mille et un Matins ». C'est que le feuilleton est de l'aventure, le conte est de la vie: et un journal français ne peut pas passer à côté de l'aventure et de la vie. Nulle lectrice, en tout cas, ne se plaindra que Le Matin ait manqué à sa parole...
Stéphane Lauzanne.
à suivre...